La faculté accordée aux avocats de conférer une force exécutoire aux accords de médiation, introduite en 2022, apparaît comme une avancée pragmatique. Pourtant, cette innovation procédurale masque une réalité plus profonde : la résistance du modèle juridico-judiciaire à renoncer à son monopole sur la régulation des conflits.
En insistant pour cantonner la médiation à un simple outil de gestion privatisée sous contrôle des professions régulées (avocats, greffes), cette réforme entretient une vision régressive où l’essence même de la médiation est détournée. Car son principe fondateur réside dans l’extension de la libre décision, de l’entente interpersonnelle, et de la restauration du lien social par le dialogue – non dans l’usage de la contrainte ou la soumission à un conformisme procédural.
En perpétuant une logique d’exécution forcée, on substitue au principe primordial de l’altérité une idéologie gestionnaire, héritée du fatalisme adversatif du droit. Pourtant, ce qui a fait la grandeur historique de la profession d’avocat n’est pas un principe de servitude procédurale, mais bien la défense des droits fondamentaux par l’élévation des consciences, comme l’a illustré Ludovic Trarieux, en fondant la ligue des droits de l’Homme, après l’affaire Dreyfus.
1. La médiation, un projet relationnel contre la logique souveraine du droit
Le modèle …read more